56 milliards d’euros pour les dividendes du CAC 40

L’an dernier, les entreprises du CAC 40 ont versé 56 milliards d’euros à leurs actionnaires, sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Voici les éléments importants pour comprendre la hausse des versements en 2014.

Est-ce un record ?
Non. Le chiffre de 56 milliards d’euros, qui comprend les dividendes et les rachats d’actions reste en-dessous du record atteint par les groupes du CAC 40 en 2007 (57,1 milliards d’euros). De plus, ce chiffre est dopé par deux opérations exceptionnelles : la distribution de dividendes sous forme d’actions Hermès pour 7 milliards d’euros par LVMH et le rachat par L’Oréal d’une partie de sa participation dans Nestlé (6 milliards). Dans le détail, les versements de dividendes ont bondi de 25%, à 46 milliards d’euros et les rachats d’actions de 55%, à 10 milliards d’euros. Mais une fois l’opération de LVMH neutralisée, la hausse des dividendes ressort à seulement 5,5% par rapport à l’an dernier (37 milliards).

Quelles sont les entreprises les plus généreuses ?
Le trio de tête en est formé, comme les années précédentes (hors LVMH) par Total (5,4 milliards), Sanofi (3,7 milliards) et GDF Suez (3,5 milliards). Si l’on ajoute EDF, Orange et BNP Paribas, seulement six sociétés ont versé la moitié des dividendes du CAC 40 en 2014. Enfin, isolés, Alcatel Lucent et Alstom n’ont pas souhaité rétribuer leurs actionnaires, alors que ces deux entreprises sont en pleine restructuration. Voir ci-dessous le tableau pour le détail des versements par société.

D’où vient cet argent ?
Avec un chiffre d’affaires de 1.268 milliards d’euros et 48 milliards d’euros de bénéfices en 2013, les entreprises du CAC 40 ont eu les moyens de récompenser leurs actionnaires. Par rapport à une capitalisation boursière de 1.200 milliards d’euros, la rémunération des actionnaires reste inférieure à 5%, un niveau raisonnable pour les grands groupes français. D’autant que les stars de la cote disposaient d’une trésorerie abondante, estimée à 1.849 milliards d’euros fin 2013 (banques exclues), selon une étude du cabinet Detroyat.

Où vont ces dividendes ?
Pour la moitié, à l’étranger ! En effet, la part des investisseurs « non résidents » dans le CAC 40 est passée de 41,9% en 2011 à 46,7% fin 2013, selon la Banque de France. Un taux qui dépasse même 50% pour 19 entreprises du CAC 40, notamment celles du secteur de la santé et pétrolier. Si ces grosses sommes d’argent quittent la France, elles restent le plus souvent en Europe : 18,8% des investisseurs étrangers sont européens, devant les américains (15,9%) et les britanniques (3,4%), selon le FMI.

Au détriment de l’investissement ?
Alors que les entreprises françaises ont récemment été classées comme les plus généreuses d’Europe en matière de dividendes par le gérant de fonds Henderson Global Investors, les montants consacrés à l’investissement industriel ont eux baissé en 2013 (derniers chiffres disponibles). En effet, d’après le cabinet Ricol Lasteyrie, les entreprises du CAC 40 (banques exclues) ont investi à hauteur de 86 milliards d’euros en 2013. Soit une baisse de 5%, la première depuis 5 ans. Cette année là, les grands groupes avaient particulièrement délaissé l’investissement pour se restructurer et assainir leurs finances. Leur dette s’était ainsi réduite de 26 milliards d’euros en 2013, à 219 milliards d’euros, son plus bas niveau depuis 2007.
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Le chiffre total de 56 milliards a été relayé par les médias mais très peu les autres chiffres de cet article. Ce qui est plus à souligner c’est que pour la moitié cette somme part à l’étranger et ne reste pas en France pour soit réinvestir dans les actions soit investir dans notre pays.

4 Comments

  1. Bonjour,

    En effet un chiffre seul n’a aucun intérêt sinon de marquer l’imaginaire de la ménagère de moins de 50 ans.
    La mise en rapport avec les autres chiffres est bien plus porteuse d’informations. 48 milliards de bénéfice et 46 milliards redistribués aux actionnaires cela fait peu pour les réserves et les investissements. Heureusement que la trésorerie est importante.
    D’un autre coté si la rémunération du capital est importante par rapport aux bénéfices réalisés (presque 96 %) par rapport à la capitalisation elle est quand même très faible car si on prend en compte que les dividendes et pas les rachats d’actions cela fait du 3.83 %.

    En revanche je ne sais pas quoi penser de ton exclusion d’Europe de nos meilleurs ennemis britanniques 😉 (aurais-tu confondu zone euro et europe ?)

  2. Erik Bobbink10 mars 2015 at 22 h 17 min

    Article intéressant.

    56 milliard ne donne qu’un rendement de 1,5% si je ne me trompe pas.

    Pourrais-tu faire un article similaire sur la dette française. Qui la détient? Etranger, Fonds d’investissement.

    Bien à toi,

    Erik Bobbink, CFA

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